Débat 1 colloque 2015 de la Chaire TDTE

Publié le 21 juillet 2015 par facilavi

Un contrat social français obsolète

  • Vie et mort du pacte entre les générations

par H. Xuan, déléguée générale de la Chaire TDTE

Plus qu’une « génération sacrifiée », H.Xuan considère que les jeunes sont une « génération oubliée ».

Le système scolaire français est très sélectif en fonction de la classe sociale avec une reproduction de génération à génération. Cette sélectivité commence à toucher les classes moyennes, ce qui fait que son impact devient plus important dans la société française par rapport au moment où seules les classes les plus populaires de la population étaient touchées. L’impact sur les classes moyennes se voit en termes de chômage des jeunes et d’absence de « seconde chance ».

Dans un société où le chômage croît, où les perspectives de croissance sont faibles et où la dynamique de la croissance se fera par la longévité plus que par la natalité, peut-être faudra-t-il dissocier la protection sociale du salariat. En effet, entre 1910 et 1950, le travail salarié a été prédominant : les 1% des plus hauts salaires avaient plus que les 1% des plus hauts héritages, ce qui s’est inversé depuis 1970.

La retraite représente un statut institutionnalisé, il n’existe rien de tel pour les jeunes pour lesquels les politiques se font au coup par coup. Une des pistes pourrait être celle de donner une « seconde chance » sous forme d’allers et retours possibles entre le travail et les études, de formation continue.

  • Des transferts intergénérationnels en déséquilibre ?

animé par I. Laudier, responsable de l’Institut CDC pour la recherche

Intervenants : H. d’Albis, chercheur associé à la Chaire TDTE, professeur d’économie à l’Université Paris 1, JM. Laxalt, président de l’Institut Montparnasse, L. Chauvel, professeur de sociologie à l’Université du Luxembourg, PY. Cusset, chargé de mission au département société, institutions et politiques sociales de France Stratégie, L. Arrondel, chercheur associé à la Chaire TDTE, directeur de recherche au CNRS

H.D’Albis a présenté le résultat de ses travaux concernant l’évolution des transferts intergénérationnels entre 1979 et 2011. Sont considérés les transferts moyens individuels (ayant comme source les financements individuels, les transferts publics et les transferts privés) en part de la consommation privée et publique. Dans la période 1979 et 2011, la consommation de toutes les tranches d’âge a augmenté.

Entre 1979 et 2011, les transferts vers les jeunes (moins de 25 ans) ont augmenté avec une part de plus en plus importante de l’argent public. Dans cette même période, les transferts vers les seniors (plus de 59 ans, ici) ont diminué, avec une part moins importante de l’argent public.

 

L.Arrondel s’est quant à lui intéressé à la patrimonialisation de la société. En effet, le patrimoine pèse de plus en plus par rapport aux revenus pour atteindre un niveau inédit depuis la Belle Époque. Et ces masses sont mal réparties et concentrées. La masse globale que représentent les héritages, transfert intergénérationnel s’il en est,  a doublé depuis la fin des 30 glorieuses.

Si les enfants héritent plus tard que par le passé (vers 60 ans, actuellement), les donations ont augmenté. Les donations vers les enfants se font principalement au bénéfice de l’aide à la création d’entreprise et à l’acquisition immobilière.

Ce qu’on constate à travers la patrimonialisation de la société, c’est une augmentation des inégalités entre les plus jeunes et les plus vieux avec un patrimoine très sécurisé, peu liquide et peu productif.

 

JM.Laxalt souligne que s’il y a bien inégalité entre les générations, il y a aussi de l’inégalité au sein des générations. Il pose également la question du financement de la solidarité dans un contexte de fin du travail et de croissance molle.

 

PY.Cusset s’interroge sur la capacité à capter les gains de la croissance économique selon les générations. En effet, dans la présentation de H.D’Albis, on a constaté que les plus âgés ont une consommation qui a augmenté, plus vite que les autres, et qui a été de moins en moins financée par les transferts publics. Les plus âgés sont devenus de plus en plus autonomes avec la génération du baby boom qui reste au pic des revenus.

Quels peuvent être les critères d’équité entre les générations pour la capacité à capter les gains de la croissance. La générosité dont ont bénéficié les générations a t elle un caractère soutenable dans le contexte actuel ?

 

  • La dépendance : Lourd fardeau pour la 3ème génération ?

animé par A. Villemeur, directeur scientifique de la Chaire TDTE

Intervenants : C. Gervès, économiste de la santé, co-auteur du rapport sur le coût de la dépendance cognitive et son impact sur le coût global de la dépendance, réalisé par la Chaire TDTE et la Fondation Médéric Alzheimer, C. Attias-Donfut, sociologue et directrice de recherche à la retraite, CNAV, M. Delaunay, ancienne ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie, députée de la 2ème circonscription de la Gironde, JM. Charpin, membre du conseil d’orientation des retraites

JM.Charpin qui a travaillé avec R.Bachelot en 2011 en vue de la réforme sur la dépendance (réforme n’ayant pas eu lieu) pense que s’il faut s’occuper de la dépendance, il n’y a pas encore urgence.

Entre 2010 et 2060, le nombre de personnes dépendantes va doubler mais avec une augmentation modérée jusqu’en 2030, qui va voir affluer les boomers et sera véritablement un moment charnière. L’accompagnement doit se faire de multiples façons. Les personnes âgées qui quittent les grandes villes participent à la revitalisation des zones rurales mais ces endroits ne sont pas préparés à la grande vieillesse des retraités qui s’y sont installés.

 

C.Gervès étudie l’enjeu économique de la dépendance liée aux maladies neuro-dégénératives. Cette dépendance est facteur principal d’entrée en institution.

860 000 personnes sont touchées aujourd’hui. il est prévu que ce chiffre soit de + 60% en 2040. Aujourd’hui, ces personnes vivent majoritairement à domicile.

Les coûts directs de la maladie d’Alzheimer sont d’environ 12 000 € par personne touchée et par an. Le coût global de la maladie d’Alzheimer en France est estimé à 9.9 milliards d’euros. Les coûts indirects représentés par l’aide des proches sont également très élevés. Cette aide informelle est estimée à plus de 10 milliards d’euros. En ce qui concerne la maladie d’Alzheimer, l’aidant est en général le(la) conjoint(e), âgé(e) de 62 ans en moyenne et qui consacre 4h d’aide par jour. Le très mauvais état de santé des aidants familiaux est souligné. Il sera rappelé à l’occasion d’une question que les aidants représentent la population dans laquelle la progression des burn-outs est la plus grande, sachant que 50% des aidants familiaux sont des actifs.

 

C.Attias-Donfut souligne que toutes causes de dépendance liées à l’âge confondues, l’aidant qu’il soit aidant familial ou aidant professionnel est en général une femme. La difficulté de trouver du personnel dans ces professions actuellement dévalorisées fait que certains pays font clairement appel à l’immigration : l’Italie, les pays scandinaves… ce qui pose les questions de la formation, de la langue. Il devient alors indispensable de repenser les métiers du Care et de se poser la question de la vulnérabilité.

 

M.Delaunay a fait part de son regard sur la dépendance. Au contraire de JM.Charpin, elle pense qu’il y a urgence. La dépendance représente un fardeau pour toutes les générations. Aujourd’hui, la maladie d’Alzheimer, affection de longue durée, n’est pas du tout remboursée au même niveau que les autres maladies de longue durée.

Quant aux aidants « naturels » qui seront-ils dans le futur à la lumière des familles remaniées, recomposées ?

 

  • L’insertion des jeunes : l’inefficacité des politiques publiques ?

animé par H. Xuan, déléguée générale de la Chaire TDTE

Intervenants: M.Domergue, directeur des études à la Fondation Abbé Pierre, G. Koenig, président de Génération libre, E. Wasmer, chercheur en économie, professeur d’économie à Sciences Po, O. Galland, président du conseil scientifique de l’observatoire de la jeunesse, O. Thevenon, chercheur associé à la Chaire TDTE et à l’OCDE

 

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