Les bouquets de chrysanthèmes

Elles sont là, les grands-mères !

Depuis plusieurs jours, elles s’activent : chez les fleuristes et les pépiniéristes, on choisit les plus beaux pots de chrysanthèmes. La Toussaint approche et il faut être prêts pour le jour dit.

Et grand-mère Idunna est à la manoeuvre :

-Est-ce qu’on a bien tout pris : l’eau de javel, les brosses, la cuvette et les gants en caoutchouc  ?

Eh oui, de bons gants, car l’eau est froide au petit robinet du cimetière.

– Oui, on a tout, on peut y aller !

Et c’est la tournée des cimetières pour le nettoyage des tombes. De préférence, on choisit un jour où le temps est plutôt clément, il y en a quelques uns fin octobre.

Grand-mère Idunna a sa liste en tête : La tante Marcelle, l’oncle Paul… chaque défunt fera l’occasion d’une halte dans un petit cimetière des environs. La répartition entre grand-mère Idunna et ses frères et soeurs suit la géographie familiale.

On arrive, on se recueille, mais ce n’est pas le sujet du jour, et … on se met au travail : enlever les anciens bouquets s’il en reste quelque-chose, aller chercher l’eau, gratter, frotter, regratter, rincer… redresser un pot sur une tombe voisine – on n’est pas égoïste.

Il faut que tout soit nickel et que les tombes soient bien propres pour le jour de la Toussaint. On jette un petit coup d’oeil sur les tombes voisines. « Pauvre Monsieur Lachaume, plus personne ne vient s’occuper de lui. »

Car, quand on revient en famille, il faut qu’on puisse poser un beau bouquet de chrysanthèmes sur une tombe qui ne fasse pas honte.

Et puis, c’est l’occasion de retracer l’histoire familiale et d’expliquer aux plus jeunes, s’ils viennent, qui est là.

Et vous, comment ça se passe ? Vous sentez-vous un peu comme grand-mère Idunna ?